Préface
Vorwort

Quel imposant bâtiment que la «Trinkhalle» de Baden-Baden!

Ce long péristyle à arcades soutenu par des colonnes corinthiennes fut construit lorsqu’au XIXe siècle on préféra les cures d’eau thermale, malgré le goût souvent désagréable du liquide, (Jules Claretie, écrivain français, 1840-1913, qui l’a goûtée, qualifie l’eau thermale de Baden-Baden d’ «effroyable eau chaude»!), à la balnéation.

L’architecte Heinrich Hübsch s’est résolument écarté du style classique de son maître Friedrich Weinbrenner qui avait construit la «Maison de la Conversation», aujourd’hui «Kurhaus». En effet, la «Trinkhalle» témoigne par son style, les éléments décoratifs qui l’ornent et qui s’apparentent à l’école florentine, du nouvel esprit de l’époque.

Son revêtement de terre cuite dans tous les tons du rose pare la «Trinkhalle», suivant la lumière qui la baigne, d’un charme toujours changeant.

Quand, en 1842, le bâtiment qui devait recevoir la buvette d’eau thermale fut terminé, on s’adressa parallèlement au célèbre peintre Moritz von Schwind et au directeur de la Galerie d’Art de Mannheim Jakob Götzenberger, les priant tous deux de présenter à un jury leurs projets pour quatorze grands tableaux muraux destinés à orner le mur aveugle de la galerie-promenoir derrière lequel se trouve la buvette proprement dite.

Götzenberger était certes moins connu que son rival, bien qu’il eût acquis une solide réputation dans les milieux spécialisés par ses nombreuses représentations d’événements historiques et ses portraits; il avait entre autres réalisé la décoration du grand amphithéâtre de l’Université de Bonn qui fut détruit durant la seconde guerre mondiale.

Ce fut finalement à Götzenberger que la ville passa la commande: les honoraires qu’il demandait étaient de loin inférieurs à ceux qu’exigeait Moritz von Schwind. Il serait également possible que le cycle qu’ avait choisi Goetzenberger intitulé «Légendes de Bade et de ses environs» semblât au jury mieux adapté à la situation géographique de notre ville que le projet de Moritz von Schwind qui voulait, lui, illustrer des légendes du Rhin.

Il est évident que notre région riche en forêts et en vieux burgs ait inspiré à nos ancêtres des récits fabuleux, et il allait finalement de soi que des illustrations de ces légendes trouvent une place adéquate dans cette admirable galerie qu’est notre «Trinkhalle».

Nous qualifions habituellement, mais à tort, ces peintures, vu leur grandes dimensions, de «fresques», sans nous soucier du fait que le peintre n’a pas travaillé «à frais» (de l’italien «a fresco») ...

Pour ce qui est de la qualité de l’exécution, écoutons Gustave George Lange (né en 1812), auteur du livre «Les Fresques de la Trinkhalle», (date d’impression inconnue), dont il existe encore un exemplaire aux archives de la ville, qui écrit à propos du peintre: «Götzenberger, cet artiste éminent, a résolu son problème avec une perfection qui a dépassé de beaucoup l’attente qu’on avait conçue lors de l’exposition de ses cartons. La composition, le dessin, le coloris, tout révèle le génie d’un maître». (Ces cartons sont entreposés à la Kunsthalle de Karlsruhe.)

Le peintre s’est appliqué à illustrer pour chaque légende choisie un moment précis du déroulement de l’action.

Ces légendes, comme nous le soulignons dans nos commentaires et les précisions historiques que nous vous donnons, ont trait soit par exemple:

– à des événements historiques qu’elles dramatisent ou enjolivent en y ajoutant quelques éléments de fiction propres à l’histoire héroïque (der Grafensprung),

– à la lutte entre deux cultures, ce qui signifie en l’occurrence deux religions: les Alamans encore païens et les Francs déjà christianisés séparés par la ligne de démarcation que constituaient la rivière Murg, l’Oos et la chaîne de montagnes au nord-est de la ville (Engels und Teufelskanzel),

– à la fondation de monastères (Fremersberg).

– aux luttes intestines qui parfois se résolvent par un mariage (Alt Eberstein),

– à l’étymologie populaire (Baldreit),

– aux calamités épidémiques qui frappent des populations sans défense (Schloss Hohenbaden),

– au caractère sauvage de la nature (der Mummelsee).

Au moment de la rédaction de notre livre ... se trouve sous chaque tableau un texte succinct qui est un résumé de l’histoire rapportée par la légende. Vous trouverez la traduction de ces quatorze textes à la fin de notre livre.

Il est bien entendu pourtant que ces résumés ne sont pas en mesure de rendre toute la richesse de l’imagination populaire ...

Nos commentaires se proposent de replacer ces légendes dans l’époque de leur genèse.

Sans vouloir être un guide au strict sens du terme, cet ouvrage a pourtant pour but de vous inviter à ne pas seulement jeter un rapide regard sur les tableaux, mais bien à en apprécier le message éternellement valable et à faire d’agréables promenades dans notre ville et dans ses environs; vous trouverez en effet à la fin du livre un croquis de la région qui vous indiquera l’emplacement approximatif des sites qui ont trait aux quatorze légendes.

Nous avons traduit à la fin de notre livre les textes succincts que vous trouvez sous les tableaux muraux. Il est bien entendu pourtant ces résumés des légendes ne sont pas en mesure de rendre toute la richesse de l’imagination populaire ...

Ce livre n’est pas un guide au sens strict du terme; il a pourtant pour but de vous inviter à ne pas seulement jeter un rapide regard sur les tableaux muraux de la Trinkhalle, mais bien d’en apprécier le message éternellement valable et de faire d’agréables promenades dans notre ville et dans ses environs; vous trouverez en effet à la fin du livre un croquis de la région qui vous indiquera l’emplacement approximatif des sites qui ont trait aux quatorze légendes.

MKL

Madeleine Klümper-Lefebvre

avec la collaboration de Günther F. Klümper

Les Légendes de la Trinkhalle Baden-Baden

www.aquensis-verlag.de

Les Légendes
de la Trinkhalle
Baden-Baden

Présentées et commentées par

Madeleine Klümper-Lefebvre

avec de la collaboration

de Günther F. Klümper

Nouvelle édition revue et élargie

AQUENSIS

Table des maitères

Couverture
Cover

Intitulé
Titel

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Impressum

Préface
Vorwort

01* Burkart Keller de Yburg
Burkhart Keller von Yburg

02 Le Mummelsee
Der Mummelsee

03 La nixe du Wildsee
Die Nixe des Wildsees

04 La chaire de l’Ange et la chaire du Diable
Engels- und Teufelskanzel

05 Le Saut du Comte
Der Grafensprung

06 L’ancien burg d’Eberstein
Alt-Eberstein

07 Fremersberg

08 Les noces macabres de Lauf
Die Geisterhochzeit zu Lauf

09 Baldreit

10 Les Rochers
Die Felsen

11 Burg Windeck

12 Allerheiligen

13 Le château de Hohenbade
Schloss Hohenbaden

14 Le Couvent de Lichtenthal
Kloster Lichtenthal

Traduction des textes qui sa trouvent
sous les tableaux muraux

Carte avec les sites concernés

* Carte où se sont passés les événements légendaires

Burkart Keller de Yburg
Burkart Keller von Yburg

Une croix de pierre portant une inscription, devenue avec le temps presque illisible, se dresse encore à quelques centaines de mètres en contrebas du «Vieux Château», du côté nord de la colline.

Cette croix fut érigée dans les temps anciens en souvenir d’un jeune chevalier de la famille des seigneurs de Yburg; d’après la légende, ce chevalier était au service du Margrave de Bade.

Le vieux burg, nommé «Yburg», se trouve au sud de la ville. On a de cette hauteur une vue unique sur la plaine du Rhin et sur le paysage de vergers et de vignobles en coteaux appelé le «Rebland».

Le burg faisait partie des territoires du Margrave de Bade qui en concédait la jouissance effective à des seigneurs-vassaux dont c’était alors le fief.

Le premier de ces vassaux, nommé dans les archives, est un certain Burkart.

Le burg changea souvent d’occupants au cours des siècles et fut à maintes reprises détérioré par des guerres et des catastrophes naturelles. Seule la ruine encore imposante du donjon de l’époque romane a assez bien résisté à ces dégradations grâce à la «Protection des Monuments Historiques» qui oeuvra dès la période romantique. (Le burg s’enorgueillissait à l’origine, tout comme le Vieux Windeck, de deux tours.)