cover

Dans les mêmes Editions

« Est-ce que celui qui se fonde sur une preuve évidente [al-Qour’ãn ou le Coran] venant de son Seigneur et récitée par un témoin [Malāk Jībrīyl] de Sa part [peut-il être l'égal du mécréant qui ne se fonde sur aucune preuve] ? Et certes, avant lui [ce Coran] il y a eu le Livre de Moūwça tenant lieu de guide et de miséricorde... Ceux-là [qui se fondent sur des preuves évidentes] y croient [à ce Coran] ; mais quiconque d'entre les factions [les Hādoūw, les Nāçāra et tous les non musulmans] n'y croit pas, aura le feu comme rendez-vous. Ne sois donc pas [ Ô Moūhammad] en doute au sujet de ceci [le Coran]. Oui, c'est la vérité venant de ton Seigneur ; mais la plupart des gens n'y croient pas » (Coran, 11-17)

Avant-propos

Le Coran demeure l’unique source authentique qui garantie la réalité des faits protohistoriques et historiques de l’Humanité. Par « historique », on entend l’ensemble des évènements passés étudiés par la Science, telle que l’a conçue le fondateur des Sciences Humaines A.R. Ibn- Khaldun1.

On ne peut se fier aux traditions écrites ou orales véhiculées tout au long des siècles car les faits concrets sont inexistants, et les critères très contestables [antihistoriques] fourmillent pour démêler l’historique du légendaire, la chronique de la mythologie.

Ainsi, les Anbīyā [ou Nbīyā - « Prophètes »] et les RoūçoūlMessagers »] sont dépeints dans le Coran d’une manière telle que les incertitudes quant à leur réalité, la chronologie des évènements de leur mission et l’environnement où se déroulent leurs actions sont évoqués de façon concise et avérée.


1 A.R. IBN-KHALDUN [1332-1406], « Al-Muqaddima [« Les Prolégomènes »] »

Introduction

Moūwça se présente comme une grande figure des Messagers d’Allah. La mission de Moūwça est intransmissible, puisqu’elle repose sur l’élection charismatique du personnage. Aussi constitue-t-il une expression exceptionnelle, erratique et irrégulière dans le temps, qui échappe aux conventions, aux formalités et à l’ordre de succession.

Le phénomène de la mission de Moūwça est éphémère puisqu’il s’est éteint avec sa mort. Une fois celuici disparu, sa doctrine orale [al-Tawrāt] devient prétexte à institutions, rites et cérémonies : elle se transforme pour les bānī Içraiyl en une régulation du quotidien.

Dans la mesure où Moūwça cherche, avec l’aide d’Allah, à rendre manifeste une vérité jusqu’alors cachée ou altérée, ou à redresser et à redonner vigueur à un mode de vie qui s’est perverti avec le temps, il ne prétend pas constituer un commencement absolu. En effet, même lorsque Moūwça apporte de nouvelles directives, il se réfère explicitement ou implicitement à la Révélation antérieure, soit pour la perfectionner, soit pour y faire des emprunts.

L’innovation se présente donc comme une continuité, à cela près qu’elle met fin à une corruption ou à une carence de la Révélation antérieure dont elle se réclame. En général, le processus se fonde sur une Loi originelle, dont il s’agit de retrouver la pureté primitive.

Paradoxalement, c’est au nom de la continuité que le Raçoūl introduit la rupture. Moūwça, en effet, entre inévitablement en conflit avec les croyances traditionnelles et, malheureusement, il ne parvient pas à rassembler la communauté autour de lui.

Malgré les prodiges répétés qu’il exécute devant les bānī Içraiyl, Moūwça suscite la méfiance et provoque de véritables crises internes qui s’accompagnent de violences et de reniement. La mission de Moūwça et de Haroūwn, son frère, atteint sa plus grande virulence durant leur vie et s’est apaisée après leur mort, quand son message s’institutionnalise sous la férule des notables [scribes et rabbins] sous la forme d’une Institution ou de sectes. Lesquelles vont à leur tour être secouées plus tard par un nouveau Raçoūl, rappelant la Vérité originelle perdue.

Si Moūwça provoque des troubles parmi Firhawn [Pharaon], les Egyptiens et les bānī Içraiyl, c’est qu’il est, sociologiquement, le signe d’une crise latente dans la société. Ainsi, s’expliquent les fréquentes collusions qu’il suscite au sein des négateurs virulents. Le conflit prend des aspects très divers : d’abord, celui de la protestation, puis se transforme en un mouvement de refus du retour aux origines pour affirmer la continuité des croyances traditionnelles. Moūwça réussira-t-il à infléchir Firhawn, les Egyptiens et les bānī Içraiyl avec ses prodiges continuels, ses rappels incessants ? Provoquera-t-il la rupture avec l’état de fait ?

Moūwça est l’instrument direct et imprévu, de la communication entre Allah, Firhawn, les Egyptiens, et enfin, les bānī Içraiyl afin de fortifier leur espérance hésitante face à l’obscurité de leur existence impie.

Mouwça cherche en second lieu à expliquer et à enseigner la Loi d’Allah pour aider les bānī Içraiyl à réformer leur conduite dans le sens d’un approfondissement spirituel.

I - Le Raçoūl Moūwça2

A la lumière des versets de trente-six sourates, le Coran nous éclaire sur certains évènements d’un personnage illustre, Moūwça []. Pour l’unique monothéisme, l’Islam, Moūwça [] est un Musulman éminent qui se soumet aux règles d’Allah. Moūwça reste un Raçoūl édifiant.

« Et mentionne Moūwça dans le Livre [le Coran]. C'était vraiment un élu, et c'était un Raçoūl et un Nbīyā » (Coran, 19-51)

A titre indicatif, Moūwça n’est connu ni des textes hiéroglyphiques, ni des textes cunéiformes, ni des inscriptions ouest sémitiques. Bref, il n’apparaît nulle part !

Le Coran narre la biographie et l’histoire de Moūwça. Le récit se révèle être une suite d’événements qui se déroulent tout au long de la vie de Moūwça. Cela débute à sa naissance dans un environnement émouvant, une jeunesse insouciante dans un cadre de vie royale3, une maturité des plus troubles, une quête spirituelle désespérée, l’appel de la Révélation divine ; et enfin, la mission difficile d’un Raçoūl4.

Le Coran nous révèle l’inconduite d’un peuple incrédule, les bānī Içraiyl [enfants d’Içraiyl] et nous enseigne sur la fermeté et la patience dont Moūwça a fait preuve dans l'adversité et la souffrance. Moūwça occupe donc une place prépondérante dans le contenu coranique. Un cycle de récits évoque les moments les plus importants de son parcours existentiel. Il est le guide charismatique de la singulière communauté5 des bānī Içraiyl qu’il aide à évacuer d’Egypte.


2 Moūwça. La transcription ainsi reproduite reste fidèle à la règle coranique qui détermine la manière d'écrire ce nom, à savoir . Cette règle s’applique à l’ensemble des noms propres [Noūh, Içraiyl, etc.] et noms communs consignés dans le Coran et qui ne peuvent pas être traduits mais transcrits fidèlement.

3 « Je l'ai fait, dit Moūwça [à Pharaon], alors que j'étais encore du nombre des égarés » (Coran, 26-20)

4 Raçoūl [plur. Roūçoūl]. Signifie Messager, Envoyé divin. Le terme Raçoūl se différencie de celui de Nābīy [prophète divin]. Le Raçoūl est un Nābīy [plur. Anbīyā ou Nbīyā] qui a été mandaté par Allah et pourvu de nouvelles directives, détenteur d’une Ecriture dénommée Livre ou Kitãb [qui n’a rien à voir avec le livre, c’est à dire : « un assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus »]. Le Coran rapporte qu’Allah a envoyé un grand nombre d’Anbīyā à qui Il a commandé des prescriptions particulières destinées à un petit groupe d’individus bien précis. Le Nābīy, à la différence du Raçoūl, n’apporte aucune loi nouvelle et de ce fait, il doit rappeler la législation du Raçoūl qui l’a précédé et il est placé sous son autorité. Le Coran cite 25 Anbīyā et quelques Roūçoūl tels que Noūh , Ibrāhiym , Moūwça, Hiyça et bien entendu Moūhammad.

5 Communauté. Ce terme est adéquat pour désigner un groupe d’individus obéissant à une même règle religieuse, en l’occurrence les bānī Içraiyl. En captivité exclusivement en Egypte, leur trait distinctif est uniquement axé sur leurs croyances. De ce fait, l’expression communément employée par la littérature de « peuple » est inadéquate. En effet, par définition, un peuple est un ensemble de personnes ayant une communauté sociale ou culturelle, sans pour autant vivre sur le même territoire ; ce qui n’est pas le cas des bānī Içraiyl qui vivaient uniquement en Egypte [à l’époque de Moūwça].

II - Allah sanctionne Firhawn et l’Egypte

« Il nous a été révélé que le châtiment est pour celui qui refuse d'avoir foi [en l'Unicité d'Allah et à la mission de Ses Messagers] et qui tourne le dos [à la vérité et à la soumission à Allah]» » (Coran, 20-48)

«… il [Firhawn] a outrepassé toute limite [dans la mécréance, la désobéissance à Allah, l'arrogance et la tyrannie] » (Coran, 20-24)

« … Il [Firhawn] était vraiment parmi les Moūfçidiyn [criminels, corrupteurs, semeurs de désordre] » (Coran, 28-4)

L’Egypte pharaonique retient l’attention d’Allah du fait du grand désordre qui y règne et qui apparaît comme un refus tenace des règles qu’Il a établi. Ce refus est motivé et institué de différentes façons par Firhawn et son administration.

«… la population des Zhālimīyn [polythéistes et injustes] [Egyptiens] » » (Coran, 26-10)

« [auprès de] population de Firhawn » ; ne craindront-ils pas [Allah] ? » (Coran, 26-11)

« … ceux-ci [Firhawn et ses notables] s'enflèrent d'orgueil : ils étaient des gens hautains » (Coran, 23-46)

Le plus intolérable des crimes pour Allah est celui où Firhawn se prend pour dieu et refuse d’être, en réalité, qu’une simple créature parmi tant d’autres. Allah considère Firhawn et son peuple comme des Moūfçidīyn [criminels, corrupteurs, semeurs de désordre] qui méritent un châtiment.

« Et Firhawn dit : « Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi. … » » (Coran, 28-38)

L’orgueil d’être un dieu au-dessus de toute la création pousse Firhawn à semer le désordre, la corruption et les pires crimes que l’on puisse perpétrer. Ces graves infractions de Firhawn lui valent une sanction divine exemplaire.

« …Regarde donc ce qu'il est advenu des Moūfçidīyn [criminels, corrupteurs, semeurs de désordre] » (Coran, 27- 14)

Allah a un projet spécial pour Firhawn en particulier et pour la société égyptienne en général. Ce plan consiste à introduire au sein même du rouage du système de Firhawn un grain de sable [un nourrisson] qui détermine la finalité divine : la destruction du despote. Le péril de Firhawn et de son royaume va provenir d’un fragile et insignifiant bébé vivant confortablement avec lui et qui plus encore sous ses soins.

« … un ennemi à Moi et à lui le prendra »... » (Coran, 20-39)

Dès lors, porter assistance aux bānī Içraiyl n’est, en réalité, qu’une décision secondaire pour Allah et ce n’est que par égard envers Moūwça qu’Il la prend. En effet, comme il sera décrit plus loin, le sentiment de gratitude envers Allah des bānī Içraiyl est une notion étrangère à leur mentalité.

A - Moūwça au pays des pharaons

Afin de bien comprendre le personnage qu’est Moūwça, son récit et le caractère singulier de sa mission, il est nécessaire de connaître d’une part, l’environnement où se déroulent ces évènements et d’autre part, le principal protagoniste de Moūwça, à savoir Firhawn [Pharaon].

« Nous te racontons en toute vérité, de l'histoire de Moūwça et de Firhawn [Pharaon], à l'intention des gens qui croient » (Coran, 28-3)

Par ce verset, nous découvrons les acteurs essentiels mis en jeu dans ce récit.

1 - Quelques mots sur l’Egypte pharaonique

L’Egyptologie et l’archéologie nous apprennent de l’histoire de l’Égypte que c’est sous la XXIIe dynastie [950- 730 av. J.-C.], que l’expression Pharaon [Firhawn], apparaît dans les textes égyptiens.

De ce fait, la venue de Moūwça se situe dans cet intervalle de temps de 950-730 av. J.-C. [ou après], mais en aucun cas elle n’est antérieure à cette date !

Dans la société de l’Egypte ancienne, le Pharaon est à la fois dieu et roi humain. Ces deux aspects de sa personnalité sont étroitement liés. Des textes et des représentations décrivent en détail comment le dieu Amon [Amon-Rê ou Amon-Râ] prenait la forme et l’aspect du pharaon régnant. L’union du pharaon à la reine [une de ses sœurs ou demi-sœurs] permet de procréer l’héritier légitime du trône [pureté du sang divin]. Cette coutume, est l’imitation du couple mythique, celui d’Osiris et d’Isis, tous deux enfants du dieu Geb [la Terre] et de la déesse Nout [le Ciel], qui étaient eux-mêmes frère et sœur.

La tradition égyptienne veut qu’en tant que roi, Pharaon est le successeur légitime d’Horus, premier souverain de l’Égypte. De même qu’Horus, dieu faucon fils d’Osiris et d’Isis, hérita de son père la royauté unifiée de l’Égypte. De même Pharaon est conçu comme l’« Horus vivant », la réincarnation du premier roi mythique.

a - Pharaon, garant de l’Ordre universel

Homme et dieu, le Pharaon joue un rôle important sur terre. C’est lui qui est chargé d’assurer l’Ordre universel conformément à Maât, déesse de la Vérité et de la Justice, enfant, comme lui, du Dieu solaire Rê. Cette conception égyptienne s’applique à l’Ordre de l’Univers établi par le démiurge6 lors de la création du Monde. Cet ordre comprend aussi bien les mouvements des astres, le lever du soleil que le retour périodique de l’inondation [crues du Nil], indispensable à la vie de l’Égypte, que l’ordre social établi, les rapports entre humains, les devoirs envers les dieux, etc.

La fonction principale de Pharaon est de maintenir cet Ordre. Tout d’abord, et surtout, il doit garantir le culte divin quotidien dans l’ensemble de l’Égypte. Il est, en effet, sur terre le seul interlocuteur possible pour les dieux.

« Ils dirent : «Voici deux magiciens [Moūwça et Haroūwn - ] qui, par leur magie, veulent vous faire abandonner votre terre et emporter votre doctrine idéale [culte d’Amon-Râ] » (Coran, 20-63)

b - Divinité de Pharaon

Dans tous les temples du pays, le culte se fait au nom de Pharaon et le clergé n’est que son délégué. Ce rituel, très précis, est indispensable à la simple survie du Monde, ce qui explique que l’absence de roi, au cours d’un interrègne par exemple, soit ressentie comme une catastrophe cosmique qui peut affecter la course du soleil ou la crue du Nil.

« Et Firhawn dit : « Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi… » » (Coran, 28-38)

« Et il s'enfla d'orgueil sur terre ainsi que ses soldats, sans aucun droit… » (Coran, 28-39)

Pour pouvoir remplir ce rôle capital, Firhawn [Pharaon] a besoin d’être imprégné d’un pouvoir magique considérable. Certes, sa naissance divine est indispensable, mais elle ne suffit pas. Le surcroît de puissance nécessaire à sa fonction, il l’acquiert par les rites de l’intronisation, lorsqu’il prend les cinq noms de sa titulature. L’Égypte est un double royaume dont l’unité n’est assurée que par et dans la personne de Pharaon.

« Si tu adoptes, dit [Firhawn], une autre divinité que moi, je te [Moūwça] mettrai parmi les prisonniers » (Coran, 26-29)

c - Le pouvoir de la magie

Le Coran, par l’entremise de Firhawn, nous instruit sur la société égyptienne et sa religion, le culte des dieux [ou religion funéraire], qui sont toutes baignées de magie. Les Égyptiens attribuent une puissance étendue à la magie qui règle leur vie. Le Pharaon, les Prêtres et la population utilisent constamment la magie. Celle-ci fait partie intégrante de leur culture.

« [Firhawn] dit aux notables autour de lui : « Voilà en vérité un magicien savant » (Coran, 26-34)

« Il veut par sa magie vous expulser de votre terre. Que commandez-vous ? » (Coran, 26-35)

« Ils dirent : «Remets-les à plus tard, [lui] et son frère, et envoie des gens dans les villes, pour rassembler, » (Coran, 26-36)

« et t'amener tout grand magicien savant » » (Coran, 26-37)

« Les magiciens furent donc réunis sur rendez-vous, le jour convenu » (Coran, 26-38)

Observation

- Pratiques magiques

La magie désigne les religions et les pratiques qui supposent la croyance en une force surnaturelle immanente à la nature. En Egypte, il existe la magie active à travers un cérémonial stéréotypé [intronisation du Pharaon], la magie cérémonielle qui agit sur les esprits [autres que l’homme] par le moyen d’un rituel. Sans oublier une magie naturelle qui a une action sur la nature à travers une technique. Enfin, la magie préventive, qui utilise des charmes et des talismans. En Egypte, la maîtrise remarquable de l’art de la magie octroie à son détenteur richesse, gloire et honneur.

« Puis, lorsque les magiciens arrivèrent, ils dirent à Firhawn : « Y aura-t-il vraiment une récompense pour nous, si nous sommes les vainqueurs ? » » (Coran, 26-41)

« Il dit : « Oui, bien sûr, vous serez alors parmi mes proches ! » (Coran, 26-42)

Cette reconnaissance est bénéfique au magicien aussi longtemps qu’il ne contrarie pas le pouvoir et la puissance de Pharaon.

« [Firhawn] dit : « Avez-vous cru en lui avant que je ne vous le permette ? En vérité, c'est lui votre chef, qui vous a enseigné la magie ! Eh bien, vous saurez bientôt ! Je vous couperai, sûrement, mains et jambes opposées, et vous crucifierai tous » » (Coran, 26-49)

D’autres opérations magiques utilisent aussi le pouvoir qu’implique la connaissance du nom. Dès l’Ancien Empire, on inscrit les noms des ennemis de Pharaon sur des vases ou sur des statuettes qui sont ensuite brisés ou « tués » symboliquement et enterrés7. Les Egyptiens craignent tout ce qui a attrait au symbolisme du mot, du verbe, du nom, de la lettre car, selon eux, ils ont un pouvoir magique.

« Et lorsque Nos Ayāt [preuves, évidences, versets, enseignements, révélations…] leur parvinrent, clairs et explicites, ils dirent : « C'est là une magie évidente ! » » (Coran, 27-13)

« Ils les nièrent injustement et orgueilleusement, tandis qu'en eux-mêmes ils y croyaient avec certitude… » (Coran, 27-14)

En plus de la puissance du nom existe aussi la puissance de l’image. Toute représentation d’un être ou d’un objet participe de cet être ou de cet objet.

De là, le pouvoir des amulettes, portées par les vivants ou mises sur la momie, et représentant des divinités ou des objets chargés de force magique. Celui qui porte cette image met sa puissance à son propre service.

« Ainsi chercha-t-il [Firhawn] à étourdir son peuple et ainsi lui obéirent-ils car ils étaient des gens Façiqin [rebelles, pervers] » (Coran, 43-54)

La société égyptienne pensait que les rêves instruisent de l’avenir, et les Egyptiens ont composé des « clefs des songes ». Si un rêve instruisait d’un malheur, celui-ci pouvait être écarté par un recours à Isis, la suprême magicienne.

Les plus anciens textes funéraires et magiques connus sont les « Textes des pyramides », gravés sur les parois des chambres sépulcrales des rois [puis plus tard des Pharaons] de la fin de la Ve et VIe dynastie. Ces textes forment un ensemble de recettes magiques qui octroient à leurs possesseurs une protection contre tous les dangers dans l’autre monde. Ils permettent également de collaborer éternellement à la glorieuse navigation de la barque solaire dans le royaume d’Osiris sur le « Nil-d’en-bas ». De multiples dangers la menacent au cours de cette navigation nocturne, et le texte fournit les incantations magiques nécessaires pour les surmonter.

Le « Livre des Morts », à partir du Nouvel Empire, est déposé dans le caveau des morts pour ceux qui peuvent l’acquérir.

Le « Livre des Morts » est composé non seulement d’un grand nombre de formules magiques élaborées dans les « Textes des pyramides » et les « Textes des sarcophages » mais également beaucoup de recettes magiques d’origine diverse, destinées à faciliter la vie dans l’autre monde8.

d - La magie et le Pharaon